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ثقافة Dans une table ronde organisée par l’ATPCC : Ces critiques qui passent derrière la caméra

نشر في  06 جويلية 2022  (13:02)

Sur les critiques qui sont passés derrière la caméra, l’association tunisienne pour la promotion de la critique cinématographique (l’ATPCC) a organisé une table ronde, samedi 2 juillet 2022, sur le thème du passage de la critique à la réalisation en invitant  deux critiques cinéastes en l’occurrence Kamel Ben Ouanes et Salem Trabelsi afin de témoigner de leur propre expérience et de ce qui les a poussés à franchir le pas entre l’expression par l’écrit à l’expression par l’image. 

Ahmed Bouhrem, membre de l’association, a commencé par rappeler que nous comptons en Tunisie des critiques de cinéma qui sont passés derrière la caméra tels que Hichem Ben Ammar, Férid Boughdir, Sonia Chamkhi, Kamel Ben Ouanes, Mahmoud Jemni et Salem Trabelsi. En guise d’introduction, Bouhrem s’interrogea sur ce qui pousse un enseignant ou un critique à franchir le pas ? Garde-t-il ses réflexes de critiques, ou cherche-t-il à mettre en pratique sa vision et a ses préoccupations thématiques, politiques et esthétiques ? Le modérateur va jusqu’à poser la question de peut-on parler d’un cinéma de critiques ?

Prenant la parole en premier, Kamel Ben Ouanes explique qu’il a été universitaire et qu’il a enseigné la littérature française et le cinéma en plus de son appartenance à la fédération des cinéastes amateurs au club de Sousse dans les années 70. Ben Ouanes précise qu’il a écrit à peu près 7 scénarii de longs métrages qui n’ont pas vu le jour et qu’il a réalisé un certain nombre de films parmi lequel « Palerme, métaphore du monde », « L’Enfant du Lazaret », « Le procès ». « Faute de faire des films, j’ai écrit sur les films… Mais avant d’être critique de cinéma, j’ai été critique littéraire » dit-il avant de rajouter qu’il a fait de la notion de contrainte un principe d’écriture étant imprégné par la démarche de Georges Perec, membre de l’Oulipo et écrivain du manque et de l’absence, qui a même réalisé un film en Tunisie « L’homme qui dort » avec la Satpec et qui n’est jamais passé en Tunisie.

Quant au déclencheur qui l’a poussé à franchir le pas vers le cinéma, Ben Ouanes dit : « Je tâtonne, à force d’enseigner de grands textes,  d’écrire des textes, de faire des émissions radio, il y a ce je ne sais quoi, je dirais que le détail est banal mais le total est génial.. C’est une réflexion sur le cinéma qui développe un rapport viscéral avec le cinéma, on entre dans l’intimité du film. C’est donc plus une réflexion qu’un acte de création classique ou traditionnel. Puis on arrive à un moment de désillusion ou de désenchantement qui nous amène à dire que faire du cinéma ce n’est pas changer le monde, mais aider à donner un sens à certaines choses ».

Ben Ouanes rajoute qu’on « a besoin de démystifier l’acte de création car faire un film est une alchimie, une opération extrêmement complexe où rien n’est décidé à l’avance. On a beau avoir quelques images, quelques désirs d’images, quelques séquences, quelques rêves mais au fur et à mesure qu’on avance dans la fabrication du film, plus les choses prennent forme au gré davantage des contraintes que des potentialités qui existent. En Tunisie, c’est un cinéma qui s’est fait sous la contrainte, et c’est intéressant » et cite le directeur photo Youssef ben Youssef qui disait « être créateur est un acte solitaire or faire un film est un acte collectif ». Puis il évoque cette citation de Rossellini qui disait qu’«un film n’est qu’un documentaire sur les conditions de sa réalisation ».

De son côté Salem Trabelsi révèle qu’il vient lui aussi de la littérature, « j’ai écrit des romans « Fièvres » et « Le cimetière des moutons », puis j'ai été journaliste jusqu’à venir à la réalisation». Quant au passage de l'écrit vers l’image cinématographique, Trabelsi répond en s’interrogeant « si ce n’est la déconstruction qui mène à la construction d’un autre mode d’expression, celui de faire des films », et il en a réalisé deux: « Boxe avec elles » et « Sœur courage » qui est un prolongement du premier. Trabelsi est aussi revenu sur son expérience du premier film en racontant qu’en tant qu’ex boxeur, il a constitué une équipe de boxe féminine qu’il a entrainé pendant deux ans et sur laquelle il a réalisé un film plus tard. Contraintes techniques et autres réactions des gens du métier furent évoquées car faire un film est un processus complexe et délicat, dit-il.

S’ensuivit un débat auquel participa Khaled Dekhil, Ahmed Guesmi qui donna l’exemple de « l’écrivain Mahmoud Tarchouna qui s’est libéré petit à petit du monde de la critique pour devenir créateur », Néjib Gaça pour qui « la critique est une création sur la création dans un monde ou toute critique est considérée comme forme d’agression» et d’autres présents sur les thèmes de l’émancipation de l’écrivain et des rôles de la critique et autres difficultés inhérentes à la création cinématographique.

Chiraz Ben Mrad